Résumé « Trouble Dissociatif de l’Identité masqué par des symptômes de TDAH »

Auteurs : Paul W. Schenk


Référence :
Schenk, P. W. (2002). Dissociative Identity Disorder (DID) masked by ADHD symptoms. The ADHD report, 10(5), 1-5. https://doi.org/10.1521/adhd.10.5.1.20557

Introduction

Dans cet article, Schenk présente le cas d’une jeune femme d’environ 25 ans, surnommée « Mme Post ». Elle a été orientée chez lui par son thérapeute, dans le but de vérifier l’origine de certains symptômes, qui semblaient évoquer à première vue un trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH) ; ceci dit, considérant l’histoire de la patiente, la question de la présence d’un trouble dissociatif s’est posée.

Schenk a conduit une première évaluation clinique en 1994 et une deuxième en 2001. Au cours de la première évaluation, Mme Post a passé 3 questionnaires/échelles pour évaluer les symptômes de stress post-traumatique et de troubles dissociatifs, et 4 questionnaires/échelles pour évaluer les symptômes de TDAH.

La seconde évaluation, celle de suivi, a consisté en la passation de 3 questionnaires et échelles pour évaluer les symptômes de stress post-traumatique et de troubles dissociatifs, et 1 échelle pour évaluer les symptômes de TDAH.

Histoire de la patiente

Dans ce résumé, nous nous contenterons d’une version condensée de l’histoire de Mme Post. Nous pouvons ainsi relever la mention du divorce de ses parents et de l’hospitalisation de sa mère, qui l’a conduite à être élevée par ses grand-parents. Son grand-père était alcoolique. À partir de l’âge de 7 ans et jusqu’à l’âge de 13 ans, elle a été victime de violences sexuelles par des connaissances, majoritairement des voisins.

Elle a commencé à consommer d’importantes quantités d’alcool à 15 ans et des drogues à 16 ans. Elle rapporte également de l’anxiété (présente dans toute sa famille), une tendance marquée à rêvasser, de l’amnésie, une hyperactivité motrice, des difficultés d’organisation et de concentration. Ces symptômes ont un impact important sur sa vie sociale et amoureuse, ainsi que sur sa capacité à maintenir son logement dans un état satisfaisant.

Première évaluation

À la suite de cette première évaluation, il a été mis en évidence des symptômes présentant à la fois des caractéristiques de trouble dissociatifs de l’identité (TDI) et du TDAH.

Aux questionnaires et échelles mesurant les symptômes du TDAH, elle a rapporté systématiquement plus de la moitié des symptômes présents (15/18, 20/24 et 16/20) et ses scores oscillaient entre « modéré » et « sévère ».

Aux questionnaires et échelles mesurant les symptômes post-traumatiques et dissociatifs, Schenk relève les faits suivants : un nombre élevé de migraines (souvent associées au changement d’identités dans le TDI), des trous de mémoire anormalement récurrents, des cauchemars réguliers, un score à l’évaluation du Trouble de Stress Post-Traumatique « modéré », ainsi que la difficulté de Mme Post à remplir la DES. Elle aura laissé une dizaine d’items sans réponse. Son score, calculé à partir des réponses qu’elle a fournies, était de 47 (de manière générale, on considère la possibilité d’un trouble dissociatif à partir de 20-25, et d’un TDI à partir de 30).

Cette première évaluation a donc permis de voir qu’elle remplissait les critères de diagnostics majeurs qui indiquent la possibilité d’un trouble dissociatif, plus spécifiquement d’un TDI. Ainsi, Schenk et le thérapeute de Mme Post ont conclu que le TDI était le trouble central sur lequel se concentrer. Néanmoins, à la suite de la première évaluation, le psychiatre de Mme Post lui a donné un traitement pour son TDAH, puis pour les symptômes dépressifs qui ont émergé quelques années plus tard.

Seconde évaluation

Au fur et à mesure des années et des progrès d’intégration, Mme Post a réussi à stabiliser sa vie, ainsi que diminuer ses symptômes dissociatifs et post-traumatiques – notamment la fréquence et l’intensité des déclencheurs. Elle est également capable d’avoir des périodes de comportements plus organisés que ce qu’on peut retrouver habituellement chez des adultes avec TDAH ; notre équipe de rédaction tient tout de même à rappeler que cette étude a plus de 20 ans et qu’à cette époque, les cliniciens étaient moins renseignés sur la détection du TDAH chez les adultes capables de compenser.

Mme Post a pu retourner à l’université, avoir un enfant, quitter son ex-mari souffrant de problèmes d’addictions, se remarier et nouer une relation satisfaisante avec son nouveau compagnon.

C’est dans ce contexte qu’a eu lieu la seconde évaluation. Sans surprise, celle-ci a mis en évidence une diminution importante de tous les scores liés à la dissociation et au stress post-traumatique. En revanche, les scores liés au TDAH sont toujours aussi élevés.

Conclusion

Dans le cas de Mme Post, ses difficultés à maintenir un équilibre de vie satisfaisant semblaient, à première vue, liées à son TDAH ; cependant, une évaluation clinique attentive a pu mettre en évidence le trouble dissociatif de l’identité et les symptômes de stress post-traumatique qui étaient à l’origine de la majorité de ses problèmes de fonctionnement.

La prise en charge des symptômes dissociatifs et post-traumatiques a permis des évolutions majeures dans la vie de Mme Post, tandis que le traitement pour le TDAH a eu un impact plus limité.

De fait, Schenk considère que le diagnostic de TDAH seul n’aurait pas suffi à la prise en charge adaptée de Mme Post et qu’il est important, en tant que clinicien, de regarder au-delà de ce qui parait évident de prime abord.

Notre équipe de rédaction rajoute à cela que le TDAH fait partie des diagnostics erronés souvent donnés aux patients qui ont en réalité un TDI. Il est également reconnu que le TDI et le TDAH peuvent être comorbides et mener à des tableaux cliniques qu’il est difficile de démêler. Il n’est pas rare non plus que, comme dans ce cas clinique, ils viennent se masquer l’un l’autre. Si, ici, c’est le TDAH qui a masqué le TDI, l’inverse est aussi possible ; dans un tel cas, les symptômes du TDAH deviennent de plus en plus visibles au fur et à mesure qu’avance le traitement pour la dissociation et le stress post-traumatique.

Source : Lignes directrices pour le traitement du Trouble Dissociatif de l’Identité chez les adultes, ISSTD, 2011.

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