Résumé « EMDR : Les symptômes du TDAH persistent tandis que les symptômes du TSPT progressent »

Auteurs : Cern Gokcen, Gizem Yilmaz, Mehmet Karadag


Référence :
Gokcen, C., Yilmaz, G. & Karadag, M. (2022). ADHD symptoms persist even when PTSD symptoms progress : An EMDR case report. Dusunen Adam : The Journal of Psychiatry and Neurological Sciences. https://doi.org/10.14744/dajpns.2022.00174

Introduction

Les auteurs débutent leur article avec plusieurs constats :

  • le trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH) est un trouble neurodéveloppemental qui persiste tout au long de la vie,
  • les enfants avec TDAH sont plus à risque d’être victimes de violences et ces dernières sont généralement plus intenses que la moyenne,
  • les symptômes du TDAH en eux-mêmes sont un facteur de risque dans l’apparition de trauma (ex : l’impulsivité augmente les risques de se retrouver en situation de danger, les problèmes de régulation émotionnelle rendent l’apaisement plus difficile et augmentent le risque de persistance de l’état d’hypervigilance, etc.)

Ils expliquent ensuite le principe de l’EMDR en tant que thérapie et outil de psychothérapie. Ici, nous retiendrons que l’EMDR se base sur le modèle du traitement adaptatif de l’information, utilise entre autres les stimulations bilatérales et peut être utile auprès d’un grand nombre de troubles. Quelques recherches suggèrent que l’EMDR serait utile dans la gestion de certains symptômes du TDAH, tandis que d’autres montrent que le TDAH n’est pas affecté par les psychothérapies quelles qu’elles soient (à cause de son origine neurodéveloppementale).

C’est dans ce contexte théorique quelque peu flou que les auteurs ont souhaité présenter l’étude de cas de la prise en charge en EMDR d’un enfant de 9 ans ayant les diagnostics de TDAH et de trouble de stress post-traumatique (TSPT).

Résumé de la présentation du patient

Le patient est donc un enfant de 9 ans. Parmi ses antécédents, on retrouve une agitation, des comportements de mise en danger importants, une irritabilité et une intolérance à la frustration accrues, détectés à l’âge de 2 ans et demi. Un traitement et de la psychoéducation ont été proposés. Ses symptômes ont diminué jusqu’à l’âge de 6 ans, où d’autres symptômes ont commencé à se manifester. Nous relèverons ici surtout les problèmes en termes de capacité d’attention et de concentration.

Malgré cela, les parents n’ont pas souhaité continuer le traitement. Deux ans plus tard, l’enfant a été interné dans une unité pédopsychiatrique pour un TDAH sévère, avec des comportements défiants, agressifs et très violents. Une fois le traitement prescrit, les parents n’ont pas donné suite. Lorsqu’il est finalement revenu à l’âge de 9 ans, il a été découvert au cours d’une séance que cela faisait deux ans qu’il subissait des agressions sexuelles de la part d’un cousin de 19 ans.

Des mesures légales ont été mises en place et l’enfant a été pris en charge au niveau thérapeutique.

Evaluation des symptômes

Les symptômes de TDAH ont été évalués à l’aide d’un outil de dépistage et d’évaluation des troubles du comportement. Les symptômes de TSPT ont été évalués avec l’Index de Stress Post-Traumatique.

Les entretiens cliniques ont été réalisés par un psychiatre spécialisé dans la prise en charge des enfants et des adolescents, selon le DSM-V.

Le traitement

Nous ne décrirons pas ici toutes les phases du traitement EMDR abordé dans l’article. Nous retiendrons seulement qu’il a fallu plusieurs séances pour que la désensibilisation soit complète. Pendant ce temps, les parents ont rapporté une nette amélioration des symptômes.

Enfin, après la séance de clôture et lors de la réévaluation, les parents ont rapporté une meilleure stabilité émotionnelle, beaucoup moins d’agressivité et de violence, ainsi qu’une meilleure capacité de communication avec les autres enfants. Les symptômes de reviviscence, d’évitement et de sur-stimulation ont significativement diminués.

Des rendez-vous de suivi ont pu être mis en place. Il a été observé que, si les symptômes de TSPT ont totalement disparu, les symptômes de TDAH sont restés globalement constants.

Conclusion

Les enfants avec TDAH sont plus à risque d’être victimes de violences. À cause des problèmes cognitifs et comportementaux qui découlent du TDAH, ils sont également plus à risque de mettre en place des mécanismes de protection inadaptés et donc de développer des traumas. Le TSPT est un trouble plus fréquent dans cette population que dans la population générale.

Dans le cas du patient présenté ici, la thérapie EMDR a eu une utilité modérée sur les symptômes du TDAH, comparé à ce que la littérature peut suggérer.

En effet, si les symptômes de TSPT ont complètement disparu, y compris ceux qui auraient pu imiter les symptômes du TDAH, ce dernier n’a pas évolué. Le traitement médicamenteux pour le TDAH a été maintenu. L’EMDR a donc été très efficace sur le TSPT, mais n’a pas eu d’effet direct sur le TDAH.

Néanmoins, les auteurs ne découragent pas pour autant l’utilisation de l’EMDR dans le cas des patients avec TDAH. En effet, ils expliquent que l’EMDR peut être utile lorsqu’il cible les problèmes qui découlent de l’exclusion sociale et de la faible estime de soi. Les messages négatifs renvoyés par l’entourage (à cause de l’impulsivité, de la distractibilité, des problèmes de mémoire, etc.) peuvent également être ciblés avec l’EMDR.

Aussi, dans le cas spécifique de l’EMDR avec un patient ayant un TDAH, les auteurs précisent qu’il peut être nécessaire de changer de type de stimulations bilatérales plus souvent que d’habitude, à cause des difficultés de concentration de ces patients. Il est également important de leur apprendre des techniques et des outils renforçant les capacités de régulation émotionnelle.

Les auteurs concluent leur article en relevant la nécessité de plus d’études sur le sujet de l’utilisation de l’EMDR avec des patients qui ont un TDAH.

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